“Je peins parce que c’est pour moi une utopie d’ordre privé.”
Né Guðmundur Guðmundsson, Erró est un artiste islandais à la renommée internationale. Diplômé de l’école des Beaux-arts de Reykjavik en 1949, il se fait connaître par ses nombreuses séries de collage et ses peintures rappelant l’esthétique de la bande-dessinée.
L’artiste s’installe à Paris en 1958 où il rencontre les personnalités du mouvement surréaliste. C’est à leur contact qu’il réalise ses premiers collages, mettant en scène des figures humaines composées d’images issues de la publicité, de la presse, des magazines, de la bande-dessinée ... L’artiste met le spectateur face à ce qui compose son quotidien, dans une société de consommation qui voit naître un culte de l’image presque oppressant. A travers ses séries de collage, Erró aborde tous les sujets sans tabou autour de différentes thématiques : la culture populaire avec des images issues de la bande-dessinée, la politique avec des affiches de propagande chinoises, l’érotisme féminin promu à outrance avec des clichés de pin-up auxquelles sont ajoutés des éléments mécaniques. Son atelier devient un véritable laboratoire où il compose et décompose notre société en différents fragments.
Si certains collages aspirent à être exposés, d’autres sont de véritables esquisses pour de futures compositions picturales. Dans ses toiles, il n’est pas rare de voir un personnage de bande-dessinée côtoyer des madones ou des figures de Picasso. L’artiste ne se soucie pas de la cohérence narrative de sa composition, mais insiste sur le caractère ironique des personnages qu’il place dans une seule et même toile. Occupant entièrement la surface du tableau, il ne laisse transparaître aucun coup de pinceau grâce à la peinture glycérophtalique. Cette technique confère à l’oeuvre un rendu brillant, quasi industriel, mettant en valeur les couleurs vives et la linéarité du trait.
N’adhérant pas réellement à un mouvement précis, l’artiste se rapproche néanmoins de la Figuration Narrative en ce qu’il fait de son oeuvre un véritable outil pour comprendre la société dans laquelle nous vivons. Pour Erró, l’art est un moyen d’appréhender notre monde au-delà des simples apparences.
