
« Le philosophe a régné sur le monde antique. Le savant règne provisoirement sur le monde d’aujourd’hui. Tout laisse à penser que c’est l’artiste qui règnera sur le monde de demain. »
Peintre et théoricien, Georges Mathieu est à l’origine du mouvement de l’abstraction lyrique. Ce courant apparaît en 1947 en réaction à l’abstraction géométrique.
L’artiste réagit alors contre toutes les contraintes et habitudes classiques. Cet avant-gardiste rédige plusieurs manifestes durant la période de l’après-guerre, et pose ainsi les fondements de sa pensée : primauté de la vitesse, état d’esprit extatique et refus des références. Après des études de lettres, Mathieu devient professeur, mais se tourne rapidement vers les arts plastiques et la peinture à l’huile. Au cours des années 1950, il réalise ses premières peintures tachistes.
Son oeuvre se distingue par sa qualité calligraphique, faisant ainsi penser aux peintures de Pollock et de l’action painting. André Malraux parlera d’ailleurs de l’artiste comme du seul « calligraphe occidental ».
Son travail très gestuel, effectué régulièrement en public, fait également du peintre un performer : il n’hésite pas à utiliser des dizaines de tubes de peinture pour réaliser une oeuvre et ainsi donner autant de vivacité que de mouvements à ses tableaux.
Mathieu fréquente très régulièrement les plateaux de télévision sur lesquels il considère trouver sa meilleure inspiration. Pour lui, il s’agit en effet du lieu idéal pour développer la spontanéité de son travail. L’artiste plaide pour le détachement de toutes formes d’influences, et notamment contre la culture des médias de masse.
Son oeuvre L’échec désespéré montre le goût de l’artiste pour l’expression de la vitesse et de la spontanéité. Peinture tardive dans la carrière de Mathieu qui mourra en 2012, celle-ci révèle une palette plus large et une plus grande maturité créative. Arrivé au crépuscule de son existence, l’artiste porte également un regard sur la vie particulièrement sombre dans ce tableau.